INTRODUCTION

Le partage des connaissances et la capitalisation des bonnes pratiques et des leçons apprises en Information-Education-Communication (IEC) jouent un rôle clé dans la promotion de comportements favorables à la santé sexuelle et reproductive pour tous. Si ces pratiques sont systématiquement analysées, documentées et partagées, d’autres acteurs peuvent connaître ce qui fonctionne bien et comprendre pourquoi. Les bonnes pratiques identifiées peuvent donc être adaptées et répliquées à plus grande échelle afin d’informer les politiques et de mettre en œuvre plus efficacement les activités. En s’engageant dans ce processus de capitalisation des bonnes pratiques et des leçons apprises, le projet DAMCAM et ses partenaires renforceront leurs capacités pour de meilleurs résultats et impact.

Ces bonnes pratiques seront ensuite partagées avec de nombreux acteurs, incluant des décideurs et des bailleurs de fond, afin de plaider en faveur de la promotion de comportements favorables à la santé sexuelle et reproductive.

1. RESUME DU PROJET

Le projet « Daande am – cellal am » (DAMCAM) qui signifie en langue locale peuhl « Ma Voix, Ma Santé » vise à améliorer l’accès, la qualité et l’utilisation des services en santé sexuelle et reproductive (SSR) pour les adolescentes et adolescents de la région de Kédougou, au Sénégal. Cette région administrative créée en 2008, où la moitié de la population locale a moins de 17 ans, est l’une des plus pauvres du Sénégal, avec une incidence de 71,3%, tandis que le niveau national est à hauteur de 46,7% (ESPS II cité par ANSD, 2015).

La région de Kédougou manque de plusieurs infrastructures sociales de base, dont les services de santé qui sont grandement déficitaires pour répondre aux besoins d’une population en forte augmentation (ANSD, 2014). L’éducation aux droits et à la SSR est au cœur de l’approche de ce projet qui vise à donner les outils nécessaires aux jeunes, particulièrement aux filles de 10 à 19 ans, pour qu’elles puissent se protéger contre la violence sexuelle et sexiste incluant les mutilations génitales féminines qui touchent, selon Youth Women Action (2017), 36% des femmes de Kédougou contre 13% au niveau national, les grossesses précoces, les mariages forcés et précoces, les cas d’abus sexuels et la transmission d’IST y compris le VIH/SIDA et accéder aux services de santé dont elles ont besoin.

Le projet mise sur le renforcement des services en santé sexuelle et reproductive existants et veille à améliorer la qualité et l’accès aux services par des renforcements de capacités des acteurs clés du système de santé afin qu’ils adoptent de meilleures pratiques et adaptent leurs approches dans la prestation de services aux besoins spécifiques des adolescentes et adolescents. À travers des actions de sensibilisation du public (parents, élus locaux, leaders traditionnels et religieux), des activités d’informations communautaires et des activités de formations ciblées pour les adolescentes et adolescents dans les communautés et dans les écoles et lycées, et des campagnes de plaidoyer auprès des instances gouvernementales avec le soutien des organisations de la société civile, le projet vise à réduire la stigmatisation liée à l’utilisation des services en santé sexuelle et reproductive et à augmenter la qualité et la disponibilité des services  afin que les jeunes puissent se sentir en confiance et habilité à accéder à ces services dans leur communauté. La santé étant l’une des compétences transférées aux collectivités locales. À l’issue du projet, les adolescentes et adolescents de la région de Kédougou auront acquis des connaissances sur les façons dont ils peuvent se protéger des violences sexuelles et sexistes et disposeront d’informations clés sur leurs droits et la santé sexuelle et reproductive. Ultimement, il est prévu que l’accès à l’information sur la SDSR et l’amélioration de l’accessibilité et de la qualité des services permettront une réduction des conditions socio-sanitaires néfastes qui accompagnent l’extrême pauvreté dans la région de Kédougou au Sénégal.

Ce projet, d’une durée de 5 ans, cible directement 30 000 adolescentes et adolescents de 10 à 19 ans (50 % de filles) et 75 000 bénéficiaires indirects (50% de femmes et de filles) dans la région de Kédougou au Sénégal. Ce sont deux organisations de développement international, Carrefour International et Action Aid International Sénégal, ainsi que deux partenaires locaux, APROFES et CONAFE, qui mettront à contribution leurs expériences exhaustives en matière de protection des droits des femmes et des filles au Sénégal et de réduction de la violence basée sur le genre et les violences sexuelles et sexistes afin de mettre en œuvre cette initiative.

2. OBJECTIFS DE LA MISSION

Capitaliser les bonnes pratiques, les leçons apprises et les innovations en IEC/CCC notées dans la mise en œuvre du projet DAMCAM.

Plus spécifiquement, la capitalisation devra :

• Documenter et organiser les expériences (bonnes pratiques, leçons apprises et innovations) à partir d’une analyse des résultats du projet en mettant en évidence les facteurs clés de succès de mise en œuvre des différentes activités du projet. Les bonnes pratiques et leçons apprises pourront, au-delà des résultats, porter sur les approches et méthodes de renforcement des capacités des bénéficiaires et des parties prenantes du projet.
• Identifier les expériences/innovations en matière d’engagement des communautés, adolescentes et adolescents, acteurs communautaires et autorités locales dans la promotion de comportements favorables à la santé sexuelle et reproductive, les droits de l’enfant et l’approche genre.
• Utiliser les résultats de la capitalisation pour communiquer et diffuser les bonnes pratiques en interne et en externe (acteurs clés de promotion de comportements favorables à la santé sexuelle et reproductive, des droits de l’enfant et de l’approche genre au niveau national et partenaires au développement).

3. METHODOLOGIE

La méthodologie qui sera utilisée pour cette capitalisation des bonnes pratiques et des leçons apprises sera essentiellement qualitative au regard des principes de la théorie du changement de Carrefour International. Le/la consultant(e) devra faire une revue documentaire en exploitant les différents rapports de suivi du projet pour identifier les progrès majeurs et gap notés dans l’atteinte des différents résultats. Le/la consultant(e) pourra utiliser les outils et méthodes de la recherche en sciences sociales, comme des entretiens semi-structurés et focus groups avec les différentes parties prenantes pour collecter les informations.

A cet effet, le/la consultant(e) devra proposer et faire valider par l’équipe de projet DAMCAM, un échantillonnage pour ces différentes cibles au niveau de chaque département et commune d’intervention, tenant compte des différentes questions de capitalisation des bonnes pratiques et des leçons apprises. Des restitutions des produits de la capitalisation seront tenues sur le terrain avec l’implication des différents acteurs.

Pour la gestion de cette mission, une équipe composée de représentants des parties prenantes du projet sera constituée pour assurer le suivi afin de valider les différents livrables de la mission. Cette équipe sera chargée de fournir au consultant toute la documentation utile et faciliter la mise en relation avec les acteurs de terrain durant la phase de collecte de données. Le/la consultant(e) sera responsable de la logistique, de la communication et du secrétariat (impression de la documentation, etc.).

4. TACHES PRINCIPALES DU CONSULTANT

Le/la consultant(e) devra :

• Participer à une réunion de cadrage avec équipe DAMCAM pour harmoniser la compréhension des présents termes de référence et ajuster la méthodologie ;
• Elaborer et soumettre une méthodologie détaillée qui inclut les outils de collecte de données et le plan de travail pour avis et validation avant le démarrage ;
• Faire une revue et une analyse de la documentation du projet mis à disposition par DAMCAM et d’autres documents clés liés à la promotion de comportements favorables à la santé sexuelle et reproductive au Sénégal en particulier à Kédougou ;
• Organiser un atelier de partage des bonnes pratiques en IEC pour la promotion de comportements favorables à la santé sexuelle et reproductive ;
• Restituer les résultats « à chaud » aux partenaires, parties prenantes et autorités à la fin de la mission dans chaque département ;
• Produire et soumettre dans les délais impartis une version finale des produits de la capitalisation pour validation.

5. RESULTATS ATTENDUS DE LA MISSION

Les résultats attendus du partage des bonnes pratiques et leçons apprises sont de rendre compte des acquis et leçons de l’expérience sur la base des axes du projet.

Plus particulièrement, le partage portera sur :

• L’identification et la documentation des résultats clés et changements majeurs réalisés ;
• L’analyse des gaps pour une intégration effective des questions de genre dans prévention et la promotion de comportements favorables à la santé sexuelle et reproductive, les droits de l’enfant et l’approche genre ;
• La documentation des bonnes pratiques et leçons apprises tels que :
• La démarche de participation communautaire et l’inclusion des adolescentes et adolescents cibles du projet ;
• Le travail avec les communautés sur le processus de changement de comportement et de pratiques, notamment relatif aux violences basées sur le genre, aux connaissances, cultures et pratiques positives endogènes ;
• L’intégration de l’approche genre dans les activités et la prise en compte des rôles sociaux, des responsabilités et des rapports de pouvoir dans les ménages et l’impact de ces rôles et responsabilités sur le niveau de participation au projet des filles et des garçons ;
• L’implication des institutions étatiques et acteurs communautaires de prévention et la promotion de comportements favorables à la santé sexuelle et reproductive, les droits de l’enfant et l’approche genre ;
• Des pistes de pérennisation pour chaque expérience documentée sont répertoriées et des actions clés proposées pour leur renforcement.

6. LIVRABLES

Livrable 1 : Rapport méthodologique et planning de la capitalisation des bonnes pratiques et leçons apprises en IEC/CC pour la promotion de comportements favorables à la santé sexuelle et reproductive : le rapport d’orientation méthodologique décrivant la méthodologie qui sera mise en œuvre par le/la consultant(e), les outils de collecte de données et le planning de la réalisation et les dates clés de remises des livrables.

Livrables 2 : Version provisoire des produits de la capitalisation (25 pages) :

Rapport de la capitalisation incluant les résultats du projet dont le plan devra comporter les éléments suivants :

Page de garde : titre du projet, logo des partenaires, date, coordonnées du cabinet et nom du /des consultant(e)s  

• Table des matières
• Résumé
• Synthèse
• Liste des tableaux et/ou schémas
• Liste des annexes
• Acronymes
• Rappel du contexte de la capitalisation
• Objectifs de la capitalisation
• Méthodologie de la capitalisation et limites (description de l’expérience)
• Résultats attendus
• Rappel sur les bénéficiaires ou groupes cibles
• Principales activités d’IEC/CCC
• Rôles des acteurs clés
• Approche et stratégie de l’intervention
• Résultats ou réalisations
• Facteurs de succès
• Analyse des acquis au niveau des politiques et des pratiques des prestataires en matière de SDSR
• Analyse de l’intégration de la SR et du genre dans les approches et méthodes de mise en œuvre en place

Les fiches de bonnes pratiques/leçons (format A4 recto/verso)

• Changement de comportements et des pratiques en matière de violences basées sur le genre (VBG), de mariage d’enfants, d’engagement des communautés dans des pratiques positives endogènes et inclusives
• Inclusion et équité de genre
• Principales leçons apprises
• Témoignages
• Conclusion

Livrable 3 : Remise du produit revu et finalisé de la capitalisation : version finale du livrable prenant en compte les commentaires de l’équipe et des partenaires issus de la restitution de la version provisoire et un résumé des principaux résultats de la capitalisation des bonnes pratiques et des leçons apprises sous forme de présentation PowerPoint.

7. CALENDRIER ENVISAGE POUR LA MISSION

La durée totale de la mission de 15 jours ouvrables. La mission sera menée dans la région de Kédougou.

La disponibilité et la capacité des soumissionnaires doivent être assurées pour tenir l’engagement de cette date limite.

8. PROFIL ET COMPETENCES

• Spécialiste en SDSR ayant un diplôme d’études supérieures dans un domaine jugé pertinent pour la mission (sociologie, anthropologie, psychologie, travail social, communication, sciences de l’éducation, sciences de la recherche, sciences sociales et développement communautaire, droit, etc.) ;
• Expérience d’au moins 5 ans en documentation et capitalisation des bonnes pratiques ;
• Bonnes capacités organisationnelles y compris la capacité à fournir les livrables dans les délais impartis ;
• Expérience de travail avec les communautés et les structures communautaires ;
• Bonne capacité rédactionnelle et de synthèse.

9. CANDIDATURE

Les candidats sont appelés à soumettre :

• Un CV détaillé du ou des consultants ;
• Une offre technique;
• Une offre financière incluant les honoraires du/de la consultant(e), la mission de terrain et la participation à l’atelier de validation.
• Les références et justificatifs d’expériences générales et spécifiques antérieures.

Le dossier est à transmettre au plus tard le 06 novembre 2022 aux adresses : infoDAMCAM@cintl.org en mettant en copie dioulde@cintl.org avec pour objet « Capitalisation des bonnes pratiques, des leçons apprises et des innovations en IEC/CCC ».